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Philippe Mac Leod : « Il faut donner un sens plein à notre vie de foi »

Phiippe Mac Leod

Installé dans les Hautes-Pyrénées, Philippe Mac Leod conjugue, dans ses ouvrages, son amour de la poésie et son cheminement de foi.  Citons les titres : « Les signes de Lourdes, un chemin d’universalité » (Editions Bayard) ; « D’eau et de lumière » et « Sens et beauté », tous deux publiés aux éditions Ad Solem, ainsi que « Petites chroniques d’un chrétien ordinaire », à DDB.  Philippe Mac Leod anime aussi des sessions, notamment au centre spirituel de l’Assomption à Lourdes mais aussi un peu partout en France. Il nous parle de son amour pour Lourdes.

Pourquoi aimez-vous Lourdes ?

Lourdes est un lieu du monde qui, par lui-même, porte un message. Avant même de connaître les paroles que Marie a dites à Bernadette, pèlerins et visiteurs découvrent la beauté de Lourdes : l’eau, la Grotte, le grand air, la montagne… Pour beaucoup, il s’agit déjà là d’une Parole qui leur est adressée, une Parole que la Vierge va éclaircir.

La nature joue un rôle essentiel…

Les signes naturels sont en eux-mêmes une Parole porteuse d’une unité, d’une cohérence que les gens vont ressentir inconsciemment. Une grande paix émane de ce lieu universel, où tout le monde peut se retrouver et recevoir quelque chose. Tout cela peut donner envie de creuser davantage.

Vous avez découvert Lourdes à travers Bernadette…

Bernadette fait partie du message de Lourdes par la qualité de son témoignage. A Lourdes, la Vierge nous la donne en exemple. Elle semble nous dire : « j’ai choisi Bernadette car ce sont les cœurs et les âmes que j’aime. » Elle nous demande de lui ressembler le plus possible. Bernadette a fait preuve d’humilité, de fermeté, de droiture, de force dans la faiblesse. Ce sont des qualités chrétiennes que nous avons à apprendre à Lourdes. Je rencontre parfois des hospitaliers qui viennent servir auprès des malades depuis des dizaines années, et qui ne connaissent pas Bernadette. A mon avis, ils passent à côté du message de Lourdes.

Le service n’est-il donc pas suffisant ?

Le service ne résume pas tout. Dans le message de Lourdes, on trouve la dimension de la source qu’il faut dégager au fond de nous-mêmes. Il ne faut pas avoir peur de la boue, de traverser nos opacités. Il nous revient de dégager cette source pure pour la porter aux autres. Au nom du service, nous ne pouvons pas faire l’économie de la qualité de notre présence, de notre amour, de notre témoignage.

Bernadette nous est donnée en modèle…

Bernadette nous révèle qu’il faut prêter attention à la façon dont nous témoignons. Il nous faut creuser, aller au fond de cette Grotte, dégager cette clarté intérieure. Si nous restons à la surface de nous-mêmes, nous ne dépasserons jamais les premières gorgées d’eau saumâtre. Bernadette est la grande figure du témoin. L’Eglise a besoin de témoins. Etre témoin, c’est faire l’expérience de quelque chose, de Quelqu’un, et s’engager dans ce qu’on a à dire.

Quel sens donnez-vous à la notion d’engagement ?

Bernadette n’a pas seulement « rapporté ». Elle a été touchée par ce qu’elle a reçu. L’abbé Pomian a confié qu’elle était « la meilleure preuve des Apparitions ». Il a été touché par la crédibilité de Bernadette : son témoignage était intègre, parfait. Si nous étions de vrais témoins, ceux que nous rencontrons ne se poseraient pas la question de l’existence de Dieu. Si nous témoignions de ce Dieu qui nous habite, sa présence deviendrait alors évidente pour tout le monde. Dans l’Evangile de Jean, le mot « miracle » n’existe pas. Il parle de « signes » que Jésus accomplit. Jésus n’accomplit pas le miracle pour lui-même mais pour appuyer ou donner une Parole. Notre foi est provoquée par une Parole. Il y a un sens dans ce que nous vivons.

La notion de « sens » est fondamentale pour vous…

Un de mes livres s’intitule « Sens et beauté ». A Lourdes, le sens est très présent. Marie vient donner du sens à quelque chose qui existe : cette grotte insalubre où le soleil n’entre jamais et où l’on garde les cochons… Un jour, une lumière jaillit dans cet endroit comme une brèche. Comme dans les paraboles de l’Evangile, la Vierge vient dégager du sens dans les choses toutes simples… Posons-nous la question : savons-nous intégrer ce sens, et non seulement discourir ? Notre vie est-elle porteuse de sens, de cohérence, d’orientation ? Le mot « sens » doit s’entendre dans son acception de « direction ». Notre vie est dirigée car aimantée : elle doit suivre un axe. Lourdes est chargée de sens. A nous de l’intégrer, de l’incarner, de le vivre. Il faut l’assimiler, le faire nôtre. Il ne s’agit pas d’un sens extérieur, qui ne changerait pas notre vie, auquel on adhèrerait de façon seulement intellectuelle. Dans cette hypothèse, cela ne mènerait à rien.

Lourdes est aussi un lieu de « rencontres »…

Lourdes est un lieu de rencontres, car c’est un lieu de brassage, un lieu ouvert. On y trouve une liberté qui favorise la rencontre. On va très facilement au devant des autres. C’est aussi le lieu de la multitude, où la foule – dans le sens évangélique du terme- se trouve à un carrefour. Tout le monde se rencontre, quels que soient son pays, sa race. C’est unique. Souvent, on vit des rencontres fugitives, mais dans le même temps, beaucoup de choses se vivent, s’échangent. Il y a un climat de communion…

Quels sont les thèmes que vous abordez dans votre livre « Sens et beauté » ?

Je parle de la vie chrétienne, du sens de l’engagement, de la façon dont on peut lui donner sens et beauté. Il faut donner un sens plein à notre vie de foi. Souvent, dans son expression, notre foi manque de beauté : il faut secouer les cœurs, allumer une étincelle pour qu’il y ait un véritable engagement. Il faut s’engager dans une vie à la suite du Christ, pour en témoigner de façon plus authentique. Il faut rayonner davantage de notre foi. Notre foi est souvent terne. Le gros problème est là. Le chrétien se révèle terne quand il n’a pas la flamme. Il faut donner aux gens l’envie de croire, leur montrer qu’il y a un chemin enthousiasmant. La foi, c’est un chemin de vie. C’est surtout une rencontre avec Quelqu’un qui peut bouleverser notre vie.

On évoque là la notion de « crédibilité »…

Il s’agit d’être crédible dans la vérité de notre vie. Bernadette est un exemple car elle était vraie. On ne peut pas mettre en doute ce qu’elle a vécu. Quand elle suivait Bernadette, la foule se rassemblait à la Grotte et contemplait son visage. Bernadette était illuminée de l’intérieur, son visage était un véritable miroir qui témoignait des Apparitions de la Vierge. Bernadette s’est imposée par sa simplicité, sa sobriété, sa profondeur de vie. Jean-Baptiste Estrade a rencontré Bernadette et il a cru. Pour Mgr Laurence, le cheminement a été similaire. Il a vu Bernadette et cela a suffi. C’est dans ce sens-là que l’on doit être crédible. Nous ne pouvons pas témoigner de quelque chose qui n’a rien transformé en nous, sinon ce n’est pas juste, ce n’est pas vivant, cela n’intéresse pas les gens.

Vous dites que Bernadette vous accompagne…

Bernadette est un modèle de justesse, de vérité et d’humilité. A travers les livres que j’écris ou les sessions que j’anime, j’essaie de jeter une étincelle dans le cœur des gens. On transmet cette flamme mais on ne peut pas faire le travail que l’autre doit accomplir. Le cœur de Lourdes, c’est la fraîcheur, la pureté de la source, la transparence, la vivacité. A Lourdes, notre foi est remise en cause. La Vierge demande de revenir à cette source jaillissante, en fouillant, en grattant la boue. C’est avec notre cœur, notre âme, que nous allons témoigner de la foi qui nous anime. Tout cela fait partie du message de Lourdes.

Propos recueillis par Béatrice Rouquet.

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