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LCE 67 Rencontre d’amitié : La miséricorde dans ma vie

Le 5 mars dernier, notre délégation s’est retrouvée à Illkirch. Nous étions une bonne centaine de personnes heureuses de se retrouver et d’échanger fraternellement.

Le curé-doyen de la Communauté de paroisses nous a accueillis et partagé sa réflexion sur la miséricorde. Après l’exposé, un temps d’échanges a permis l’expression de beaux témoignages, forts en émotion. Quel bonheur et quelle marque de confiance !

 

Nous vous offrons ci-joint le texte de l’exposé :

        Autour de la MISERICORDE…

Samedi 5 mars 2016.

         Quelque part, je dois reconnaître que parler de la « Miséricorde » n’est pas toujours chose facile à mes yeux.

Surtout, quand les uns et les autres, autour de moi, aiment faire les réflexions suivantes :

« Il est où ton Dieu ? »

« Comment se fait-il que Dieu accepte cela ? »

« Pourquoi ce silence de Dieu ? »

« Pourquoi ces guerres, ces haines, pourquoi cette souffrance dans le monde ?

 

Et surtout :

« Pourquoi toutes ces  maladies ? »

 

Chacun de nous peut être plongé dans cet état d’esprit…

Peut réagir de la même manière…

Voire même se révolter par moment et classer tout simplement ces réactions dans un dossier  «  Impasses – Pas de sortie de tunnel – Aucune espérance en vue ! »

Depuis vous avez trouvé vos propres réponses, sinon votre présence aujourd’hui serait probablement vaine… Et votre absence, signe visible d’incompréhension totale, signe que vous avez trouvé d’autres réponses, ailleurs que dans la foi en Dieu ? Mais votre réponse personnelle n’enlève en rien la souffrance de votre parcours, la difficulté et les obstacles de votre route humaine marquée par la maladie, marquée par la fatigue, marquée par le doute, voire marquée par une certaine forme de déception…

J’aime affirmer qu’il ne faut jamais se limiter à voir uniquement un produit fini, je m’explique : réduire le résultat, les répercussions à la seule étape actuelle qui résume un long cheminement, qui est le fruit d’une longue réflexion, et pour beaucoup l’aboutissement d’un grand travail sur soi, soutenu et encouragé par la prière personnelle et communautaire, par le témoignage d’autres croyants et d’autres malades… Et tout particulièrement par la présence et l’accompagnement des bénévoles de « Lourdes Cancer Espérance ».

C’est certainement dans ce contexte-là, le vôtre en particulier, que nous pouvons vraiment mesurer le sens, la portée de la Miséricorde divine ! Et finalement de notre manière de vivre la miséricorde en nous, autour de nous et face au Seigneur lui-même…

Miséricorde, la première réalité qui me vient à l’esprit, c’est celle du non-abandon ! Si par moment nous avons l’impression d’être abandonnés par beaucoup, seule la présence du Seigneur, à travers des femmes et des hommes qui se trouvent sur notre route, peut nous combler de confiance et d’espérance !

Miséricorde selon l’étymologie signifie :

« Qui a le cœur sensible au malheur ! »

Et cette réalité peut se décliner par :

Bonté – Compassion – Pitié – Charité – Clémence – Indulgence – Pardon – Absolution.

Pour mieux saisir cette dimension essentielle du vivre ensemble, et du vivre avec Dieu, nous devons parcourir la Bible, plus particulièrement le Nouveau Testament, pour découvrir quelle est l’image de Dieu que Jésus véhicule, défend et vit !

Le Père Aimant, par exemple, nous renvoie à cette grande et belle compassion qui rappelle que la vraie paternité n’a jamais de limite, ni de barrière et ni d’interdit !

Elle ne ferme jamais la porte du cœur, elle laisse au contraire grande ouverte celle de la foi en Dieu !

Le bon samaritain, autre exemple qui déborde de bonté et d’amour. Jésus s’arrête puisque d’autres continuaient leur route sans se déranger…  Jésus porte un regard de bienveillance et de compréhension, sans d’abord vouloir connaître ses origines, sa croyance et tout le reste…

Il assure là où il est, au moment où il passe, à l’instant même de l’appel et de l’attente… En fait c’est le principe Action – Réaction !

Jésus et les malades, tous, ceux du corps, comme ceux du cœur ou de l’âme, car souvent les deux sont liés…

Là où l’homme semble s’arrêter, se retourner, tourner le dos, faire semblant de ne pas voir, Jésus s’arrête pour proposer ses services ! Souvent un simple regard fait exister l’autre, un simple geste le soulage.

Jésus et les enfants, un beau passage qui évoque une attitude courageuse de la part du Fils de Dieu, sachant que dans la société juive de l’époque, les enfants n’avaient pas de grande importance, si ce n’est par la suite en devenant adultes…

« Laissez venir à moi les enfants ! »

Là encore, Jésus défend le petit et le faible, celui qui est démuni, souvent abandonné, voire rejeté par les autres…

Il ouvre une belle voie à la reconnaissance ! Son attitude fait exister, elle fait vivre pleinement !

La femme adultère, autre situation délicate pour Jésus, mais rien ne l’empêche à chaque fois d’être du côté de celui ou de celle qui mérite d’être défendu, soutenu et encouragé. L’amour de Dieu le Père, l’amour de son Fils et l’amour de son Esprit poussent les barrières de l’impossible pour frayer un chemin à toutes les possibilités !

Dans sa manière de répondre, il retourne la situation, il tourne son regard vers les hommes présents qui condamnent assez facilement sans trop penser à leurs propres vies humaines !

Car rien n’est jamais impossible à Dieu !

 

A travers nos maladies, nous vivons au quotidien, nous mesurons nos limites, les limites de notre corps, mais aussi les limites de notre foi, l’impact de nos doutes, et souvent la tension qui peut naître entre les deux, un tiraillement où chaque partie tire à soi ses propres intérêts, sa propre couverture…

Dans cette lutte souvent acharnée, nous sommes en quelque sorte les victimes.

Mais heureux sommes-nous si nous arrivons à prendre le dessus, à surmonter la souffrance, à mieux vivre l’épreuve de la maladie, et à laisser une place à la foi en Dieu qui nous répond par sa miséricorde !

Trouver, retrouver un équilibre entre foi et cette nouvelle réalité qui s’impose à moi, n’est-ce pas aussi ne pas charger Dieu de mes malheurs, mais davantage lui demander de m’aider à assumer, de m’aider à mieux vivre et de m’aider à surmonter ?

La Miséricorde passe par là, et elle peut passer par moi, si je laisse la possibilité à Dieu d’agir en moi et  à travers moi !

Ce qui me paraît important c’est de pouvoir, non pas définir cette Miséricorde, mais pouvoir la vivre, pour ensuite la nommer !

Elle nous échappera toujours un peu, beaucoup, voire complètement…

Mais elle peut aussi interpeller, nous faire réagir et nous pousser ainsi à entrer davantage dans son champ d’action !

Chacun de nous pourrait apporter son témoignage de la Miséricorde de Dieu en parlant de telle ou telle personne, en évoquant tel ou tel évènement, en partageant telle ou telle parole entendue ou prononcée…

Partout, où une femme, un homme, un enfant ou un jeune souffre dans son corps, dans son cœur, dans son âme, des traces de la Miséricorde de Dieu sont à découvrir, à retenir et à faire fructifier…

Là où règne la haine, la violence, l’intolérance, la Miséricorde de Dieu n’a pas encore d’impact… Elle n’aura jamais sa place entière…

Mais là où Dieu peut vraiment compter sur une aide réceptive, les jours de ces réalités négatives sont à compter !

Vous l’aurez tous compris, il y a encore du pain sur la planche ! Des murs à abattre pour permettre à la Miséricorde divine d’agir, d’exister et de réaliser de grandes et belles choses !

A nous de situer ces planches où Dieu peut agir, à nous de trouver le pain qui puisse répondre aux attentes du monde…

         Heureux les miséricordieux !

Ayons le cœur sensible au malheur…

Avec votre expérience, votre richesse du vécu, votre confiance et votre espérance, Dieu n’est jamais très loin !

Il nous parle de sa Miséricorde avec des mots humains et des gestes de solidarité !

C’est Jésus-Christ qui incarne sa Miséricorde et qui nous assure sa présence au quotidien.

La Miséricorde rend Dieu visible et présent !

C‘est tout juste le contraire de ce que beaucoup peuvent affirmer de Lui en proclamant son silence et son absence !

Et comme affirme notre pape François dans son livre : « Le nom de Dieu est Miséricorde ! »

A lui  l’honneur du mot de la fin :

« Le nom de Dieu est Miséricorde ! »

 

Merci de votre attention.

Alain DONIUS, curé – doyen.

 

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