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Le Seigneur nous soutient…

Monique Sylvestre a noué une belle histoire avec Lourdes Cancer Espérance où, depuis vingt ans, elle œuvre comme hospitalière pour accompagner les pèlerins de l’Accueil Notre-Dame pendant le pèlerinage de septembre. Elle vient de commencer aussi une formation à l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes pour dire merci à Marie de tous ces bienfaits reçus au pied du Rocher. A Lavaur, dans le Tarn, elle vit ce temps de confinement en portant dans ses prières tous ceux qui font partie de sa vie, et tous ceux qui sont confrontés de près à la pandémie du coronavirus. Elle s’associe à la messe célébrée chaque matin par le Pape François depuis le Vatican et, avec une centaine de paroissiens, poursuit la belle aventure du relais d’adoration eucharistique qui, depuis sept ans, se tient d’habitude dans la chapelle Sainte-Claire des sœurs clarisses. Chaque participant est invité à allumer une bougie chez lui et, pendant une heure de recueillement, à porter le monde dans ses prières en se mettant en présence du Seigneur : c’est un « relais d’adoration eucharistique à la maison ». Entretien :

Vous dites que les temps de prière sont une grâce. Pouvez-vous nous en parler ?

Dans l’une des pièces de la maison, j’ai dressé un petit oratoire, où j’ai réuni une statue de la Vierge de Lourdes offerte par une amie, une autre Vierge de Fatima, une photo du pape François, et des photos de ma famille. J’allume une petite bougie et je me recueille. Je pense beaucoup aux moines et aux moniales, notamment ceux  de l’abbaye d’En-Calcat où je vais parfois, et je m’unis aussi à la prière des sœurs clarisses qui portent le monde. Le 25 mars, jour de l’Annonciation, j’ai eu à cœur de réciter la prière du Notre-Père à midi, en union avec les catholiques du monde entier, le chapelet à la Grotte de Lourdes à 15h30, et je me suis associée par la pensée à la bénédiction de Lavaur et de ses environs par les trois prêtres de la paroisse, qui sont montés tout en haut du clocher de la cathédrale Saint-Alain avec le Saint-Sacrement. A partir de 20 heures, comme je le fais chaque jour, j’ai allumé une bougie que j’ai posée sur ma fenêtre, et durant une heure sous les étoiles, j’ai prié, récité le chapelet, en union avec ceux qui souffrent et pleurent au regard des épreuves qui les frappent. Je souhaite donner un témoignage de foi, d’espérance et de persévérance ; je m’efforce aussi de soutenir ceux qui, dans mon entourage, sont inquiets des informations qui leur parviennent sur la pandémie. Et au milieu de tout cela, reviennent dans mon cœur des souvenirs d’enfance.

Quels sont-ils ?

Je suis issue d’une famille très modeste. Pendant mon enfance, il n’y avait pas la place pour le superflu. A l’heure du confinement, je vis de manière plus sobre encore que d’habitude. J’ai fait quelques courses, mais je fais en sorte de ne pas sortir trop souvent. Je fabrique mon pain moi-même ; dans l’assiette, je mets un œuf plutôt que deux… Comme aux Noces de Cana, je m’adapte avec ce que j’ai. Avec peu, on peut faire beaucoup. Quand j’étais enfant, nous n’avions presque rien, mais c’était suffisant. Nous étions heureux ensemble. J’ai aussi quelques conserves à la maison, que j’ai préparées et que je partagerai sans doute avec mes voisins et amis. Cette période invite aussi à voir les choses différemment. D’habitude, il y a beaucoup à faire ; le rythme est trépidant, marqué par des réunions et des obligations. Maintenant, c’est l’heure du silence. Dimanche dernier, j’ai vu que les tourterelles étaient de retour dans mon jardin. On entend les oiseaux chanter, on regarde les fleurs qui s’épanouissent avec l’arrivée du printemps et je crois que nous les regardons avec des yeux tout neufs. Et puis chaque jour, je passe quatre ou cinq appels à des personnes que je connais, pour prendre des nouvelles et se soutenir pendant cette période.

Vous-même avez traversé des épreuves, des deuils. En quoi cela vous a-t-il transformée ?

Chaque jour, je rends grâce d’être vivante, et de toutes ces choses simples auxquelles on est habitués sans toujours avoir conscience de cette grâce d’avoir la santé : pouvoir marcher, respirer, parler.. Aujourd’hui la situation mondiale nous renvoie à notre fragilité. Il n’y a plus ni riche, ni pauvre, ni jeune, ni vieux. Il me semble que cette maladie nous  a ramenés à notre juste place.

Vous êtes dans l’offrande…

Je n’ai pas peur. Quand le cœur pleure, on peut l’offrir au Seigneur. Ce mal-être, le Seigneur va s’en servir. Rien n’est perdu pour Lui. Le Seigneur nous tient la main. Il souffre avec ceux qui souffrent, et en même temps, on entend son appel : «  Revenez à moi ». Il nous a préparé un chemin de Lumière ; revenons à Lui de tout notre cœur si nous nous sommes égarés. Je veux dire aujourd’hui : « Seigneur, j’ai confiance en Toi. »

Propos recueillis par Béatrice Rouquet

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