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Le sacrement des Malades : La force dans la tendresse de Dieu !

Le Père Alain Ratti (Photo Eric Bielle, D.R.)

« Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit saint.

Ainsi, vous ayant libéré de tout pêché,qu’il vous sauve et vous relève ! »

Cette phrase que prononce le prêtre au moment de donner le sacrement de l’Onction résonne encore dans la tête de chaque pèlerin qui a reçu ce sacrement à Lourdes, lors du pèlerinage LCE 2016.

Le sacrement de l’Onction, reçu à Lourdes, en présence de tous les pèlerins de Lourdes Cancer Espérance, et aux côtés d’un parrain ou d’une marraine attentifs est une grâce qui marque profondément tous ceux qui la vivent.

Le Père Alain Ratti a prêché la préparation au sacrement de l’onction des Malades, lors du pèlerinage 2016. Il a assuré la relève du Père Gilbert Limouzin, malheureusement dans l’impossibilité d’assurer ce service où il excellait depuis tant d’années. Le Père Alain Ratti a été direct, sincère et a su toucher le cœur des pèlerins puisqu’il a lui-même reçu ce sacrement en 2011. Son propos était ponctué d’une pointe d’humour qui a permis de dépasser le stade de l’émotion pour entrer dans celui de la préparation à recevoir  ce signe de la présence de Dieu.

Le Père Alain Ratti a bien voulu nous autoriser à publier son intervention : 

Le sacrement des Malades : La force dans la tendresse de Dieu  !

1 – Introduction :

D’abord se rappeler trois réalités :

–       Dieu n’est pas là pour gouverner, mais pour aimer et sauver !

–       tout sacrement est une authentique RENCONTRE du Seigneur dans la prière ;

–     et, d’après Ste Mère Teresa de Calcutta, « Prier n’est pas demander ; prier, c’est se mettre entre les mains de Dieu » !

Tout sacrement est de l’ordre de la foi et non du rite magique, de la superstition ou du fameux « Si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal » …

Le sacrement des malades est probablement le grand méconnu parmi les 7 sacrements. On croit qu’il est pour les mourants. On pense que c’est le sacrement de la mort, alors que c’est le sacrement de la vie !

Dans les sacrements, Dieu agit. Et je puis témoigner que j’ai vu l’action de Dieu dans l’onction des malades !

Et même si vous n’allez peut-être pas « médicalement » guérir, vous bénéficierez  d’une guérison intérieure, de ce que j’appelle une « guérison à la source ». C’est-à-dire que vous recevrez cette force, ce réconfort, cette présence de Dieu qui va vous permettre de traverser l’épreuve d’une façon inattendue.

2 – N’oublions pas que le corps a un cœur ! Ensemble disons : « Jésus entends mon cœur ! » Et Jésus va « guérir » votre cœur.

Le Seigneur va vous habiter. C’est tout l’amour de Dieu qui vient sur vous, vous enveloppe, vous protège.

Les guérisons « spirituelles », « psychologiques », « affectives » etc sont les plus courantes. C’est pouvoir vivre l’épreuve de la maladie et de la souffrance, de l’opération, de l’hôpital d’une manière complètement différente. Je l’ai vu …

J’ai toujours vu des fruits de paix, de joie, … J’ai toujours observé un don de douceur. L’Esprit-Saint vient comme une caresse de Dieu pour me consoler.

On parle de l’Esprit-Saint consolateur ; il vient vraiment consoler (Jn 14, 26).

3 – Mais le cœur a aussi un corps ! Ensemble disons : « Jésus entend mon corps ! »

L’Evangile nous apprend que les guérisons effectuées par Jésus ne sont pas que spirituelles. Aux envoyés de Jean-Baptiste qui demandent à Jésus (Mt 11, 3-5) : « Es-tu le Messie qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Jésus répond :

« Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ».

Donc les corps sont saisis, sont remis d’aplomb.

La guérison physique existe bien. C’est la maladie qui est chassée. Et cela aussi, l’ai vu …

Parfois, au niveau immédiat, on ne peut pas dire que le sacrement m’a apporté ceci ou cela. Parfois la guérison (quelle qu’elle soit) peut intervenir après ou bien après avoir reçu la prière et l’onction.

D’où l’importance de « faire mémoire » de l’onction reçue ; même celle reçue lors du pèlerinage LCE de l’an passé !

Quoiqu’il en soit, l’on peut dire que même si l’on reste fragile, une guérison s’est opérée.

Vous sentirez Jésus avec vous, son amour en vous, sa présence, sa douceur, sa force.

Et cela ne vient pas de vous, car en vous il peut y avoir de la peur, de l’anxiété, de l’animosité … et tout d’un coup, en vous, des sentiments de paix, de joie, qui ne viennent pas de vous et qui ne peuvent être que de Jésus.

C’est dans ce sens là qu’il y a une rencontre et alors vous pourrez d’avantage vivre de la vie de Jésus.

Il vient vous rejoindre dans ce qui fait votre « mort » pour vous donner sa vie !

Pour bien comprendre le sacrement des malades, il est essentiel de se redire à soi-même que Dieu est venu pour la vie, Dieu est venu pour ma vie, Dieu me veut vivant.

Du livre de l’Exode (Ex 3) :

« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple … j’ai entendu ses cris … Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer »

Il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants (Mt 22, 32).

Dieu veut la vie ; mais, d’une certaine façon, il va jusqu’à faire de la maladie son « alliée » pour que l’homme malade soit un vivant.

C’est prodigieux ! C’est cela le mystère pascal !

L’onction des malades ? C’est un véritable séisme intérieur !

Par l’onction, le Seigneur vient me dire : « Je veux prendre soin de toi ! ».

4 – Dans l’Evangile, nous voyons bien cette prédilection de Jésus pour les malades et les souffrants.

Père Alain Ratti, témoin de la compassion du Christ

La compassion du Christ envers les malades et ses nombreuses guérisons d’infirmes de toute sorte (cf. Mt 4, 24) sont un signe éclatant de ce « que Dieu visite son peuple » (cf. Lc 7, 16) et que le Royaume de Dieu est tout proche.

Sa compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin que Jésus s’identifie avec eux : « J‘ai été malade et vous m‘avez visité » (Mt 25, 36).

Le sacrement des malades est le sacrement qui permet de toucher du doigt cette compassion de Dieu pour moi.

Alors que la maladie m’apporte souffrance, inquiétude, abandon de la prière, négation de l’existence de Dieu … et peut même entamer mon goût de vivre, le sacrement :

–       me rappelle ma propre dignité ;

–       raffermit ma confiance ;

–       me donne la force de supporter mon épreuve ;

–       et l’assurance que je la vit en proximité avec le Christ.

5 – La grâce du sacrement des malades est diffusive :

Signe de la tendresse de Dieu pour les malades, le sacrement rejaillit sur les proches qui souffrent aussi de l’éloignement provoqué par les hospitalisations, les bouleversements familiaux dus à la maladie et que sais-je encore …

– Témoignage Solange et Xavier :

« Voici le ressenti que nous avons eu à un moment qui ne me semblait vraiment pas simple, où il y avait déjà tant d’émotion dans ce que nous avions à vivre que je ne tenais pas à m’en rajouter (je dis « m’en ») car pour moi le cheminement vers ce sacrement était lent et la seule question que je me posais était : Est-ce que je le demande et le vis seule ou avec la présence de Xavier, mon mari ?

Une fois que j’ai eu décidé d’accepter  de le recevoir en présence de Xavier, ce dernier est venu à nouveau, par affection et souhait, me bousculer dans mes réflexions. Il souhaitait le recevoir avec moi !

Etonnement, incompréhension (la malade c’était moi alors pourquoi ce sacrement pour lui ? etc …)  Quand j’ai eu la réponse que c’était faisable, malgré toute ma réserve j’ai accepté. Après tout, de qu’elle droit Xavier serait-il exclu de recevoir cette force dont chacun à sa manière avait besoin dans ce tsunami … Xavier souffrait autant que moi moralement par rapport à l’avenir si incertain et nous avions besoin chacun d’une aide.

Nous l’avons donc reçu tous deux, moment très fort non sans émotion mais que nous avions préparé ensemble.

Nous en avons ressenti par la suite un grand apaisement et une meilleure acceptation de ma maladie.

Cela nous a beaucoup aidés tous les deux. Si cela peut en aider d’autres, j’en serai heureuse. »

L’onction me pacifie et me réconcilie avec moi-même, avec les autres et avec Dieu.

6 – Relisons rapidement la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 30-35), un des grands passages biblique sur la Miséricorde. Que se passe-t-il dans cette histoire racontée par Jésus ?

Un homme prend soin de la victime d’une agression, il apaise ses plaies avec de l’huile et du vin, puis le confie à un hôtelier pour qu’il prolonge ces gestes aussi longtemps que nécessaire.

–       Une agression : la maladie est une agression contre notre corps, contre notre esprit, notre affectivité, nos relations humaines et notre relation à Dieu …

–       L’huile, c’est celle que l’évêque bénit chaque Jeudi Saint lors de la messe Chrismale et qui est utilisée pour l’onction des malades ;

–       Le vin, c’est le signe de l’amour du Christ, qui jaillit du don de sa vie pour nous. C’est aussi le signe Jésus va opérer un changement dans notre vie. (Cf aussi CANA et la présence efficace de Marie … Jn 2).

–       Et qui est l’hôtelier ? C’est l’Église où je suis l’hôte et où je rencontre d’une façon sûr « l’hôte divin » ; celui qui veut venir habiter chez moi, en moi, dans mon âme et dans mon cœur, car il aime ses enfants à la folie.

Écoutons, à partir d’un autre passage biblique, ce que Dieu nous dit aujourd’hui :

« Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap. 3, 20).

Voila que le Seigneur vient : il veut entrer dans ma demeure ; Il veut « souper » avec moi, me tenir compagnie, mais une « compagnie » très resserrée, très rapprochée, car Il dit bien : « moi près de lui et lui près de moi » ; un peu comme un époux amoureusement serré contre son épouse.

Mais, pour que cette amoureuse rencontre ait lieu, il faut un premier pas, un pas décisif, très important : ouvrir la porte à Celui qui frappe.

C’est pourquoi le Seigneur précise bien : « si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte j’entrerai chez lui ».

Chose extraordinaire, si nous acceptons de Lui ouvrir, Lui-même fera le « ménage », rendant propre cette maison qui a accepté de l’héberger et, pour remercier et honorer le maître de cette demeure, il deviendra en cette maison accueillante, un Hôte permanent et attentif, veillant aux moindres besoins.

Si l’onction des malades date des débuts de l’Église – la Lettre de saint Jacques l’atteste –, c’est parce que Jésus a transmis à ses disciples sa prédilection pour les malades et les souffrants.

Et l’onction prolonge et étend, en son Nom, selon son Cœur, la force, le soulagement et la paix.

Ce qui n’implique ni la quête obsessionnelle du miracle, ni la prétention systématique de guérir car prier, ce n’est pas exiger ! C’est chez la personne humble que Jésus peut agir efficacement.

Ce qui est rassurant, c’est la proximité de Jésus envers ceux qui sont malades.

7 – Comment cela se passe-t-il ? Les deux gestes du sacrement :

a)    Votre parrain ou votre marraine vous accompagne et au besoin vous présente.

b)    L’imposition des mains en invoquant l’Esprit Saint. Avec ce geste, l’onction rappelle l’attention spéciale de Jésus envers les personnes malades : il touchait les oreilles du sourd, lavait les yeux de l’aveugle.

 

Jésus a appris ce geste à ses apôtres pour faire du bien aux malades.

Ce n’est pas le prêtre qui donne l’Esprit-Saint, c’est Dieu qui le donne par lui.

c)    L’Onction elle-même : avec l’huile bénite, le prêtre marque chaque personne sur le front puis dans la paume (si cela est possible). L’huile a été consacrée par l’évêque lors de la messe chrismale annuelle. Cette huile apporte force et douceur ; elle pénètre la peau, répand la bonne odeur du Christ, fortifie le corps.

8 – Sacrement des malades et pardon des péchés.

Jc 5, 14-15 :

« L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur.

Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon ».

a)    Nous sommes dans un monde qui a oublié ou qui refuse la réalité de la culpabilité et du repentir !

Cet attitude peut donner l’illusion faussement rassurante d’une innocence entière, mais il entretient le risque de se fermer à toute pratique de la miséricorde.

Un des effets du péché est l’aveuglement du cœur qui risque d’intervertir le bien et le mal et de confondre les chemins qui mènent à la vie ou à la mort.

La première urgence est donc de laisser Dieu se faire proche de nous, de nous révéler son amour et sa miséricorde, de redonner sens à notre vie et à chacun de nos actes.

Les deux composantes de la miséricorde divine sont la lumière de la vérité sur le péché et l’action douce et irrésistible de l’amour qui purifie et guérit, qui apaise et renouvelle.

Les sacrements de la miséricorde, de la guérison, que sont la Réconciliation et l’Onction des malades, nous remettent sur la voie de la pureté et de la liberté baptismale, nous qui avons connu des défaillances.

b)    Ce qu’en dit l’abrégé du Catéchisme de l’Eglise Catholique :

–       N° 316 : « La célébration du sacrement doit être précédée, si possible, de la confession individuelle du malade » ;

–       Même si « (le sacrement) apporte le réconfort, la paix, le courage et le pardon des péchés si le malade n’a pu se confesser » (N° 319).

c)    A la suite du Christ, l’Église[1] a toujours insisté sur la conversion.

Il est normal que lorsqu’on est malade on se laisse guérir au niveau de ses péchés, car il s’agit là aussi d’un niveau de rupture, et qu’on recoure au sacrement de Réconciliation avant de recevoir l’Onction des malades.

Lors des célébrations communautaires de l’onction des malades, certaines personnes n’ont plus eu depuis longtemps un contact avec le sacrement de Réconciliation.

On peut et on doit les y inviter !

Aujourd’hui l’appel à la conversion est si faible qu’on ne pose presque plus d’exigence. « Venez, c’est pour rien !… ».

Mais les gens, malades ou pas, ont aussi besoin d’une catéchèse !

Souvent on se dit : « Ce sont des vieilles personnes » ou bien « il faut accueillir tout le monde » alors on donne le sacrement à tous ceux qui le demandent, sans discernement, sans accompagnement, sans catéchèse ; c’est-à-dire, ce qui est plus grave, sans attention à la personne elle-même !

Donner ainsi l’Onction des malades ne garantit pas que le sacrement sera très fécond !

En effet[2], nous le comprenons à travers les propos de Jésus au paralytique en Mc 2, qu’il devait exister en cet homme des péchés, passés ou présents, qui bloquaient l’œuvre de guérison de Dieu.

On peut imaginer comment cet homme, qui portait peut-être un lourd fardeau de culpabilité, a dû ressentir un indescriptible soulagement intérieur et une liberté nouvelle en entendant les mots de Jésus.

Ses chaines avaient été brisées.

Et quand Jésus lui dit ensuite « Lève-toi, prends ton grabat et va-t’en chez toi », il eut la foi et la liberté intérieure lui permettant d’obéir.

Il en est de même aujourd’hui où péché et culpabilité sont parfois un obstacle à la guérison.

Vous le voyez bien, avec le sacrement du Pardon et l’Onction des malades, quelle libération !

Merci Seigneur ! Loué sois-tu, Seigneur !

9 – Conclusion :

Jésus est amoureux de mon âme et par son onction des malades il déverse en moi et sur moi un torrent de grâces et d’Amour !

Reprenons le Ps 83, 12a :

  « Le Seigneur Dieu est un soleil,

il est un bouclier.

Le Seigneur donne la grâce,

il donne la gloire »


[1] D’après : Cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines Bruxelles, « réflexion pastorale sur l’onction des malades » Juin 1997.

 

[2] D’après : Mary HEALY « Guérir », p 113-114.

3 Responses

    1. Bonjour,
      Si vous participez au prochain pèlerinage, vous pourrez le recevoir.
      Si vous le souhaitez dans votre diocèse, il faut le demander au délégué de votre département.
      Cordialement

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