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Hubert Bourel et Marie-Louise Valentin, animateurs du pèlerinage 2016

Hubert Bourel et Marie-Louise Valentin, animateurs du pèlerinage, chantent à deux voix dans leur nouvel album intitulé « Pèlerins ». Entretien avec Hubert Bourel :

Hubert Bourel et Marie-Louise Valentin

Baptisé « Pèlerins », votre nouvel album rassemble 20 chants. Quelle unité lui avez-vous donné ?

Etre pèlerin, c’est devenir nomade pour trouver une lumière intérieure et redécouvrir le trésor que nous portons tous en nous. Ce trésor, c’est l’espérance et le projet d’amour de Dieu pour chacun. Puissions-nous retrouver ce que nous avons de meilleur en nous pour avancer ! En travaillant sur cet album, nous avions le souci de fêter les 850 ans de la cathédrale de Sens qui, dans l’Yonne, accueille de nombreux pèlerins. Nous nous sommes interrogés : comment les accueillir ? et de nombreux thèmes sont apparus.

Quel est votre regard sur les pèlerins ?

Il importe d’accueillir les pèlerins tels qu’ils sont. Certains sont croyants, d’autres pas ; il y a aussi des enfants à qui la cathédrale va raconter une histoire. Les pèlerins viennent avec leurs questions sur le monde d’aujourd’hui et leur vie personnelle. Dans leurs valises, ils emportent avec eux des histoires, des personnes qui leurs sont chères, des personnes qui, aussi, leur ont confié des prières. Nos chants sont le reflet de toutes ces démarches. Nous les présentons à Marie comme un grand bouquet d’espérance. On peut aussi trouver, dans notre album, un chant en hommage aux communautés religieuses qui, chaque jour, rendent le monde un peu meilleur. Nous parlons ainsi de ces sœurs, qui vivent une foi incarnée.

Sur les pèlerins d’hier et d’aujourd’hui, vous posez un regard fraternel, sans oublier de rendre grâce à Dieu pour ce qu’Il nous donne…

Quand on rend grâce à Dieu, on s’émerveille de la Création ; dans nos vies, nous sommes appelés à prendre le temps de regarder et aussi de retrouver le goût de l’authenticité. Tout pèlerin se met à l’écoute de ceux qui l’ont précédé. Quand on pénètre dans une cathédrale ou une basilique, on sait que l’on ne fera pas tout à fait le même chemin qu’un autre, ni à la même vitesse… Mais nous pouvons refaire nôtre cette démarche du pèlerinage. Nous faisons partie d’une famille et d’une chaîne ; il y a ceux qui nous ont précédés et ceux qui suivront. Alors nous pouvons dire : Merci. Merci pour cette vie fraternelle qui est possible en Eglise. Merci aux apôtres de la paix.

Vous dites : « La paix ressemble à chacun de nous »…

Comme je l’écris dans un chant : « La paix est pauvre et va les pieds nus, c’est d’espérance qu’elle est vêtue. Dieu nous la donne. Dieu la moissonne… » Cette paix, nous la voyons incarnée dans les grands témoins d’ici et d’ailleurs : Martin Luther King, Mère Teresa, Sœur Emmanuelle, Jean Monet, qui a fondé l’Europe, Aung San SuuKyi, dont la vie a été racontée au cinéma par Luc Besson dans « the Lady », le Pape François… Il y en a tant ! Mais le premier des témoins, c’est le Christ. L’espérance voyage à hauteur d’homme. L’espérance peut passer par de longs discours, de grandes idées, mais aussi par de petits projets locaux. Thérèse de Lisieux disait en substance que, « tout le monde peut ramasser une aiguille par terre, mais si je la ramasse avec amour, cela change tout. »

Que voulez-vous dire par ces mots : « La paix est pauvre… »

La paix ne s’impose pas. Elle a les mains ouvertes et son visage est le nôtre. C’est nous qui avons le visage de la paix. Dieu a choisi d’avoir besoin de nous. Toutefois, ce que je dis n’a pas vocation à être indubitable. Je ne veux pas faire de la théologie. Mais je pense qu’il y a toujours un chemin qui reste à faire. C’est comme pour le pèlerin : le chemin s’éclaire au fur et à mesure de nos pas.

Qu’évoque l’espérance pour vous ?

L’espérance, c’est la respiration du monde, c’est la certitude qu’il y a toujours une ouverture quelque part. Il y a toujours une porte ouverte, même si on arrive au terme de notre vie terrestre. A Lourdes, j’ai revu le pavillon consacré à Maximilien Kolbe : on ne parle plus de petits oiseaux ou de nuages dans le ciel, mais de l’enfer des camps de concentration. Et c’est au cœur de cet enfer que Maximilien ouvre une porte, et cette porte s’éclaire. Au creux de cette histoire, il y a une vérité indicible. On ne peut qu’ouvrir les mains. C’est quelqu’un qui donne sa vie pour sauver celle d’un père de famille. Pour cela, il est prêt à mourir de faim et de soif, dans l’obscurité. Il nous révèle le rayonnement absolu de sa condition de martyr. Le fait d’écouter son histoire a éclairé ma journée. Demain ce sera quelqu’un d’autre : le sourire d’un enfant dans une cour de récréation, un monsieur qui donne un coup de main dans un bistrot, ou encore la joie de se promener quand le soleil brille. Il faut accueillir tout grain de vie et s’en tenir là, ce jour-là. Toutefois, ce que je dis n’a pas vocation à être une doctrine : on avance chaque jour et on dit : Merci.

Quels sont vos liens avec Lourdes ?

C’est à Lourdes que je suis redevenu chrétien. J’ai compris ce à quoi Dieu m’appelait. Il y a quelque chose du Ciel sur la Terre, l’attention aux malades, le visage de Bernadette, qui avait une droiture, un humour, une fidélité à la Vierge ; il y avait une sorte d’évidence dans sa façon de vivre et d’être très respectueuse des autres, tout en étant rebelle et espiègle.

Quelle place l’humour a-t-elle dans votre vie et votre métier ?

Je crois qu’il y a des sourires de Dieu, dans les situations que nous vivons et qui nous parlent d’humanité. Je me souviens d’un enfant trisomique qui, alors que la messe était célébrée, imitait le prêtre en chacun de ses gestes. A la fin de la célébration, il a pris sa main pour qu’il fasse le signe de la croix sur lui. Le rire et le sourire font partie du chant de Dieu. Pour vivre mieux « ajusté », il vaut mieux rire. Je me souviens aussi d’une belle anecdote quand une personne handicapée mentale a caressé la guitare et la Bible à la fin de la messe. Il s’est passé quelque chose.

De quelle manière envisagez-vous l’écriture ?

Chaque artiste est un vitrail dont la lumière ne vient pas de lui. Quand j’écris, je propose de faire un pas de côté, y compris dans la foi. Si des choses évidentes ont été dites déjà, il n’y a pas d’intérêt à les redire de la même manière. Je propose un autre éclairage. Quand on voyage, on trouve des points de vue : il y a la photo que tout le monde va prendre, et il y a une photo différente que l’on peut faire et qui nous invite à découvrir l’instant. L’écriture c’est comme un monument habité que l’on revisite. Dans un album, j’ai par exemple parlé de la Semaine sainte en la décrivant à travers les yeux de l’ânon qui portait Jésus.

Quel serait votre mot de la fin ?

Etre pèlerin, c’est se laisser faire par le chemin et aussi par les lieux. Posons sur le monde un regard d’enfant ! Voilà le secret du cœur de Dieu, qui nous invite à nous mettre à sa suite en aimant et en respectant les autres.

Propos recueillis par Béatrice Rouquet

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