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Pierre Adias, responsable du service des dons du Sanctuaire

Pierre Adias, responsable du service des dons du Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes

 

Pierre Adias (Photo Béatrice Rouquet)

« Afin de mener à bien sa mission pastorale et d’accueillir à Lourdes tous ceux qui souhaitent accomplir un pèlerinage, le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes fait appel à la générosité de bienfaiteurs. Beaucoup ignorent que le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes ne vit que de dons. Il ne reçoit pas de subvention que ce soit des institutions publiques ou de l’Église. En 2014 le budget du Sanctuaire s’élevait à 19 539 809 €.

 Au pied de la Grotte, nous voyons la manifestation d’un amour universel, qui fonde la vérité de nos vies. Ici, la personne est au centre et, au sein du service des dons, nous savons tout ce que porte dans son cœur celui qui, humblement, témoigne d’une prière en même temps qu’il fait une offrande.

 En 2015, le service des donateurs a enregistré 62 283 dons. La majorité des dons provient de personnes modestes, d’autres de personnes plus aisées… qui souhaitent soutenir l’œuvre du Sanctuaire – ce lieu où se révèle l’Evangile, avec la certitude que nous sommes aimés et attendus, envisagés comme les enfants du Père dans nos joies et dans nos épreuves.

 J’ai gardé le souvenir d’une personne touchant le RSA qui, désireuse de faire une offrande, a donné un billet de cinq euros. Ce geste n’est pas sans rappeler la veuve que Jésus donnait en exemple pour son acte de foi ; en mettant deux piécettes dans le tronc, elle avait donné tout ce qu’elle pouvait donner, plaçant sa confiance en Dieu et se mettant à sa suite.

 Certaines personnes témoignent de leur attachement au Sanctuaire, en sachant que, peut-être, elles ne pourront jamais s’y rendre mais elles sont sensibles à ce message d’amour où se manifeste la grâce divine. Oui, les portes du Royaume nous sont ouvertes quand nous agissons de la même façon qu’à Lourdes, où les valeurs premières sont d’abord celles du cœur.

 Trois personnes travaillent au service des donateurs et une vient en renfort durant la période hivernale. Outre l’envoi de courriers  – de l’ordre d’un million de plis par an -, il faut assurer le suivi avec les prestataires (Poste, imprimerie, institution d’Eglise, routeur…), classer et enregistrer les dons reçus, traiter les reçus fiscaux… Il faut savoir que, pour fonctionner, le Sanctuaire nécessite des moyens humains et matériels. Pas moins de 400 personnes travaillent dans le domaine ; il y a aussi des lieux à entretenir et des emprunts à rembourser. Nos équipes s’efforcent d’accompagner les donateurs dans leur démarche : réalisation de mailings, tous les deux mois, où est détaillée l’actualité du Sanctuaire en rapport avec ses frais de fonctionnement ; proposition pour les bienfaiteurs de nous adresser une intention de prière présentée à la messe qui, chaque 11 du mois, est célébrée à leur intention ; réponse au courrier adressé…

 A ce titre, on peut mentionner le travail de Michel qui, chaque année, répond aux demandes particulières de nombreux donateurs, ce qui représente plus de 1000 courriers. Les sœurs Saint-Joseph de Tarbes jouent aussi un rôle précieux, puisqu’elles traitent aussi le courrier en plusieurs langues : français, espagnol, anglais…

 Si notre équipe de salariés compte quatre personnes, il convient de souligner l’aide précieuse apportée par les communautés religieuses qui assurent des permanences au niveau de trois autres bureaux : celui des dons, des messes, des cierges. Il m’appartient de préparer des plannings en prenant en compte la disponibilité des communautés. 25 personnes y travaillent sept jours sur sept, toute l’année, hormis le jour de Noël et du Nouvel An. Il s’agit  des sœurs de Saint-Joseph de Tarbes ; des sœurs de Saint-Joseph de Saint-Marc, des filles de la Très Sainte Vierge Immaculée de Lourdes, des frères de Ploërmel, des laïcs consacrés de la Casa di Maria, des Travailleuses missionnaires de l’Immaculée.

 A chaque bureau, correspond un service spécifique. Celui des dons par exemple prend en charge la gestion de l’expédition d’eau de Lourdes sur les cinq continents, avec notamment l’enregistrement des demandes et le suivi des frais liés à l’envoi. Il s’agit d’un travail énorme, qu’il nous tient à cœur de maintenir pour sa dimension pastorale, même si parfois, nous sommes confrontés à des difficultés concernant l’acheminement de certains bidons.

 Le bureau des dons assure l’accueil de personnes désirant remettre des ex-voto : une chaîne en or, donnée par une pèlerine, ou une robe de jeune mariée que cette dernière veut offrir au Sanctuaire, entre autres. Les ex-voto sont enregistrés, classés et remis au service des archives. Il y a aussi des dons spontanés, comme une somme d’argent donnée sur place par un pèlerin.

 Le bureau des cierges se trouve près des Arcades. A l’heure actuelle, il existe 15 catégories de gros cierges, mais nous allons changer l’offre, en l’adaptant à la demande, et il devrait y en avoir moins d’une dizaine à l’avenir, qui seront vendus non plus au poids mais à la taille. Le cierge le plus gros pèse 70 kgs. En général, il est acheté par un groupe ou un pèlerinage. On observe certaines traditions comme celle en usage chez les Tamouls. Ces derniers achètent des cierges en comparant la taille de leurs enfants avec celle des cierges. Ils achètent le cierge s’en rapprochant le plus. En 2015, nous avons vendu 13 310 gros cierges.

 Quant au bureau des messes, il permet d’accueillir la demande de ceux qui, des quatre coins du monde, souhaitent offrir une messe pour une intention particulière. Un certain nombre de ces messes sont célébrées au Sanctuaire, mais la demande est telle – plus de 100 000 intentions par an – que les chapelains ne peuvent les célébrer toutes. En toute transparence vis-à-vis de ceux qui nous sollicitent, nous nous adressons à des prêtres du diocèse de Tarbes-Lourdes, d’autres diocèses de France ou de pays étrangers. Quand le pèlerin souhaite que la messe soit célébrée à une date précise, nous l’invitons à s’adresser plutôt au curé de sa propre paroisse. En recevant une intention de messe, nous prenons un engagement. Nous nous devons d’être attentifs au suivi.

 Avec tous ces pèlerins, tous ces donateurs avec lesquels nous sommes en contact, des liens peuvent se créer. Depuis vingt ans, nous accueillons à Lourdes un Indonésien qui, avec sa famille, fait un pèlerinage annuel dans des sanctuaires ou des lieux d’Eglise : Fatima, Lourdes, Assise, Rome… Ensemble, ils veulent remercier le Seigneur pour toutes les grâces reçues. De même, tous les ans, un pèlerin de l’Ile Maurice vient fêter le 15 août à Lourdes avec sa femme. Un petit coup de fil nous permet d’échanger quelques nouvelles quand on sait les épreuves traversées par certains de nos amis. Par ailleurs, certaines personnes ont besoin de parler à quelqu’un du Sanctuaire : elles traversent des épreuves physiques ou morales, parfois dans la solitude… J’ai observé, chez mes collaborateurs, une grande charité dans l’écoute et la compréhension manifestées auprès des personnes en souffrance.

 Quand une personne demande une intention de messe ou dépose un cierge, il importe aussi qu’elle puisse garder une trace. Pour les intentions de messe, nous éditons une petite image sur laquelle nous apposons un tampon pour dire que la demande a bien été prise en charge. Quant aux cierges, nous avons réalisé des flyers pour expliciter le sens de cette démarche. Il n’est pas inutile de rappeler que Bernadette, elle-même, venait à la Grotte avec un cierge à la main ; que les cierges sont tous brûlés par les feutiers, certains durant l’hiver quand ils ne peuvent l’être sur le moment.

 Par ailleurs, depuis 1996, le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes propose une série de médailles vendues l’année dernière à 180 000 exemplaires. Nous venons de recevoir une nouvelle série de cinq médailles : elles représentent le Sanctuaire, Bernadette ou encore le Pape François. La vente des médailles permet aux fidèles de garder un souvenir de leur pèlerinage, tout en aidant les finances du Sanctuaire.

 Personnellement, j’œuvre au niveau de ce service depuis janvier 2011, après avoir été à la tête du service communication pendant quinze ans. C’est à cette époque que j’ai rencontré le Père Joulia qui fut aumônier du pèlerinage de LCE. Père de Garaison, il avait de multiples casquettes au sein du Sanctuaire : il a été directeur de la communication, chapelain au Sanctuaire, directeur de la radio. Il était titulaire d’un doctorat en droit canon et en droit civil. Ce qui m’a frappé, c’est sa bonne humeur, sa gentillesse, sa culture immense, sa grande bonté et charité. Il avait participé aux travaux du Concile Vatican II. Il avait une connaissance universelle de l’Eglise.

 Lourdes Cancer Espérance est une association qui me touche au cœur. J’ai observé l’attachement du Père Cabes, recteur, au pèlerinage, dont il souligne la dimension humaine et la place occupée au sein du Sanctuaire. A LCE, la personne est au centre des préoccupations. Le programme est pensé en fonction des pèlerins ; il n’est pas trop chargé afin que chacun puisse le suivre à son rythme. C’est une belle idée aussi que de proposer la présence d’un évêque pour présider le rassemblement, et la conférence donnée par un médecin.

 Je suis aussi sensible à l’extraordinaire mobilisation des Lourdais, des Bigourdans et de ces personnes de toute la France, de Belgique, de Monaco et de Suisse, qui œuvrent de concert pour que le pèlerinage puisse avoir lieu. J’apprécie beaucoup Marie-Claude Aizpurua, que je connais depuis plus de 30 ans et qui témoigne d’une grande générosité dans sa mission, et le Père Michel Pagès, dont l’attention au malade est remarquable. Les organisateurs et accompagnateurs du pèlerinage sont de belles personnes. Lourdes Cancer Espérance est un pèlerinage qui en dit long sur la façon dont l’on peut vivre l’Evangile au quotidien. »

 Propos recueillis par Béatrice Rouquet

 

 

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