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Jean Zune, organiste au Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes

Jean Zune, au pupitre du grand orgue de la basilique du Rosaire (Photo Béatrice Rouquet)

« C’est l’amour de la musique qui m’a guidé vers le métier que j’exerce aujourd’hui, même si j’ai découvert depuis sa dimension première : celle d’être au service de la prière des fidèles. La vie nous réserve de belles rencontres.

Après avoir été, pendant dix ans, responsable musical à la cathédrale de Namur, j’ai intégré, en 1994, les équipes de Lourdes. Les trois premières années, j’ai accompagné les grands temps liturgiques du Sanctuaire, comme chantre et chef de chœur. Je me souviens des messes internationales que j’animais.  C’était à la fois exaltant et fatigant. Je crois que, lorsqu’on la vit avec son cœur, on accomplit sa mission avec beaucoup d’énergie.

Je me souviens de la façon dont Firmin Decerf, mon professeur d’orgue, mariait les notes de musique. Il exerçait à l’institut supérieur de musique et de pédagogie de Namur, où je suis resté cinq ans ; il m’a tout appris, de façon naturelle, dans la seule façon de concevoir la vocation artistique. Ce dernier témoignait de ce qu’impliquait pour lui de participer à des messes de funérailles. Bien que cela ne soit pas difficile au niveau technique, l’investissement était tel qu’il en sortait toujours très marqué. Servir la musique, c’est la porter et se donner entièrement.

Vers la fin des années 90, subitement, j’ai perdu ma voix. Comme j’avais aussi une formation d’organiste, j’ai pu prendre de nouvelles fonctions. Au Sanctuaire, je partage désormais mon temps entre plusieurs services : outre les célébrations et processions mariales que j’accompagne comme organiste, je suis chargé, avec un collègue, d’incruster le texte des chants sur les écrans de la basilique Pie X ; je suis également détaché au ‘service jeunes’, où j’accompagne les offices sur un synthétiseur ; je m’applique aussi à la saisie des chants pour préparer les livres de musique, notamment un recueil qui regroupe tous les chants dans les six langues officielles, et un autre sur les chants interprétés pendant l’année à la messe internationale ; l’hiver, je travaille au service des archives.

Si c’est ma fibre artistique qui m’a conduit vers ce métier – dès quatre ans, j’ai été initié à la musique, et dès dix ans, à l’orgue à tuyau -, j’ai « rencontré » Jésus à travers la communauté Notre-Dame de l’Aurore, fondée par le Père André Cabes. A l’époque, nous avions choisi la paroisse d’Ossun pour nous rendre à la messe dominicale, et c’est un nouveau chemin qui s’est ouvert à moi, celui d’une « conversion ». La fraternité de Jérusalem était très active, ‘réveillant’ la foi des jeunes et des adultes de façon exigeante. Je me souviens des cycles de conférences données par le Père Cabes sur la Vierge Marie ou encore des ‘cellules paroissiales d’évangélisation’, où nous nous retrouvions pour un temps de prière et de louanges. C’est ainsi qu’avec ma femme, nous avons proposé à nos quatre enfants de suivre cet éveil à la foi.

Peu à peu, j’ai pris conscience de ma ‘place’ au cœur des célébrations. Si je portais déjà en moi le sens du ‘service’, j’ai mieux perçu la façon dont la messe était un temps de ‘rencontre’. Assurément, à chaque fois que je m’apprête à accompagner une célébration, je prends le temps de me recueillir. Je sais qu’il s’agit d’une grâce qui m’est faite. Je suis au service de tous : du Père chapelain, du chantre, de l’assemblée, de Jésus. Je fais partie d’une équipe. Dans mon domaine, je mets le meilleur de moi-même, tout en restant à l’écoute de ce qui se passe pour ne jamais perturber un temps de prière. Comme le disait un prêtre lors d’une célébration, ‘le plus grand miracle, c’est celui de l’eucharistie’, du pain et du vin qui deviennent ‘corps et sang du Christ’. Là où je suis, au moment de la consécration, je confie à Jésus toutes les personnes qui me sont chères.

Je crois que la musique doit épouser l’action liturgique. Il m’appartient de choisir les partitions que je vais interpréter pendant l’offertoire, la communion, la sortie de l’assemblée. J’aime particulièrement Vivaldi, Bach, De Grigny, Dandrieu, Couperin… J’aime aussi beaucoup César Franck mais il m’est difficile de l’interpréter au cœur des célébrations en raison de la durée des partitions. En fonction du calendrier liturgique, je peux proposer des pièces différentes. Pendant le temps pascal, j’aime jouer une pièce plus éclatante, comme un arrangement de l’Alleluia, extrait du Messie de Haendel. Pendant l’hiver, je joue à la cathédrale de Tarbes, et je fais entendre des noëls de Daquin. Il arrive que certains pèlerins viennent à ma rencontre avec émotion : telle composition que j’ai choisie leur rappelle celle de leur célébration de mariage…

Lors des processions mariales, le chantre et l’organiste sont placés sur le parvis de la Basilique du Rosaire. Nombre de pèlerins viennent nous dire bonjour ; on en revoit certains d’une année à l’autre. Ce sont des moments précieux. Quelque chose a été partagé, et on sait que le souvenir de cette rencontre va demeurer.

A Lourdes, on vit dans un lieu de grâce. Les pèlerins nous le rappellent sans cesse. Il ne faut jamais oublier de s’émerveiller de ce qui se vit, en ce lieu, à la suite de la rencontre de Marie et de Bernadette. Quand je me trouve devant la Grotte de Massabielle, je vis cette rencontre avec Jésus. Je suis émerveillé par cette source qui coule, et je ressens tout l’amour de Jésus qui se déverse en moi. C’est une joie d’embrasser le rocher et de dire à Jésus : ‘C’est toi qui fonde ma vie ; tout vient de Toi.’ Pour parler à Marie, je me sens bien à la chapelle Notre-Dame de Guadalupe, abritée dans la partie extérieure de la basilique du Rosaire. A Lourdes, on peut se mettre à l’école de Marie qui nous invite à orienter notre regard vers son Fils Jésus. »

Propos recueillis par Béatrice Rouquet

6 Responses

  1. Magnifique témoignage Jean, bien dans l’ esprit de l’Imep où ton (notre) professeur, Firmin Decerf oeuvrait avec foi.

    Je voudrais formuler une demande pour toi et Simone, peux-tu me dire si tu as bien reçu ce commentaire ?

    A bientôt ?

    Eliane

  2. Bonjour Eliane.
    Par hasard, je relis ce témoignage. Cette journaliste a un don pour faire parler le cœur.
    Et donc, je découvre à l’instant ton commentaire. Merci beaucoup.
    Merci de reparler de l’esprit de l’Imep. Ça fait chaud au cœur.
    Merci, Éliane
    Jean

  3. Bonjour Monsieur Jean JUNE,
    je cherche la partition des variations pour clavier du célèbre choral O Jésus que ma joie demeure extrait de la cantate BWV 147de J.-S. BACH; le nom de l’Editeur, de l’arrangeur, pour commander la partition.
    J’ai entendu cette version sublime à la Messe sur KTOTV de 10 heures dimanche de Pentecôte.
    Je ne sais pas comment joindre l’Organiste de Lourdes qui a succédé à Jean-Paul LECOT.
    D’avance, je vous en remercie.
    Je vous prie de croire en l’assurance de ma considération distinguée.
    Cordialement, L.G.

  4. Buongiorno,
    leggo solo oggi questa bellissima testimonianza, mentre ascolto la tua musica nella Processione Eucaristica.
    Sei stato il primo cantore liturgico che ho conosciuto a Lourdes nel 1995 e da lontano, pur senza sapere nulla della tua vita e della tua malattia, negli anni successivi ho capito che c’erano stati grandi cambiamenti nel tuo modo di servire Lourdes e la Chiesa.
    Anche quanto le telecamere non inquadrano il tuo volto, riconosco dall’anello matrimoniale le tue mani e mi dico « questo è Jean »!
    Tanti cari auguri e buon servizio liturgico al Santuario!
    Cordialissimi saluti

  5. Monsieur Zune,

    Je m’appelle Raymond Lennon,
    Traducteur anglais des textes apres le mort de Msgr Lawrence – mail je cheche la Musique pour voter tres beau litanie de nuit.
    Ou estce qu’on le peut trouver?
    Excuse mon francais

  6. M Zune

    J’ai Trouvé le litanie entre mes fiches.
    Je suis enchanté avec L’organisation à Lourdes maintenant.
    Meillieurs voeux à votre famille

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