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Jean-Claude Laporte, hospitalier de Notre-Dame de Lourdes

« Il appartient à tout le monde de prendre la vie du bon côté. J’en ai fait mon premier commandement avec, aussi, celui de rendre service aux autres de mille façons : une bonne dose de bienveillance, une entière disponibilité et une pincée de ténacité pour que tout problème soit vaincu par les astuces qui sont à notre disposition. Foi de bricoleur. A l’impossible, je suis tenu… Et ma plus grande récompense est de donner, sans faire de bruit, le meilleur de moi-même, en mettant un peu d’huile dans les rouages pour que toute personne passant au Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes se sache accueillie. Qu’il s’agisse de remettre en état une voiture bleue ou d’effectuer des travaux d’électricité et de plomberie, je crois fermement que l’obstination est ma meilleure alliée ; avec de bons outils, on peut parvenir à réparer presque tout ! J’ai fait du service ma religion, et quel salaire peut égaler la joie de recevoir un sourire ?

Depuis quatre ans, je viens chaque été pendant une quinzaine de jours pour servir dans les ateliers de l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes. Voitures bleues, tringlots… roues voilées, cassées ou faussées, essieux abîmés… Il faut remettre en état, réparer, et tenter tout ce qui est possible pour redonner vie au matériel. J’aime l’idée que je participe au bon accueil du pèlerin, mais aussi de l’hospitalier, puisque ma mission porte aussi sur l’entretien des lieux d’hébergement de l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes : changer un interrupteur, réparer une prise, intervenir sur une fuite… et cela dans près d’une dizaine de lieux différents répartis aux abords du Sanctuaire.

Ma mission, je la vis dans l’humilité et la joie de me rendre utile, et j’agis selon mon cœur et mes compétences. J’ai toujours aimé le bricolage. Avec Dominique, ma femme également hospitalière, il nous importe de nous engager à Lourdes ; c’est un lieu où l’on est dans l’attention aux plus petits, et c’est aussi un lieu où l’on vit de belles rencontres et des vraies amitiés.

Dans le Maine-et-Loire, je suis ouvrier polyvalent dans un collège, où je suis amené à accomplir des tâches diverses : plomberie, tapisserie, peinture, électricité, carrelage, vitrerie…. Je peux me rendre disponible pendant les vacances estivales, et comme tous les hospitaliers, je viens de façon totalement gratuite, en prenant en charge les frais de transport et d’hébergement. J’assume tout à fait que l’on y voit un grain de folie, mais je suis un fou heureux ! Je crois que le bonheur, c’est de savoir que, dans toute chose que l’on fait, il y a toujours une part belle. Il ne faut pas s’attarder sur les problèmes, au contraire, il faut profiter d’être ensemble, de partager des bons moments, de donner de sa personne pour embellir le monde et faire de la vie une fête.

Mon engagement au sein de l’hospitalité m’a permis de rencontrer Donald Mac Donald, irlandais qui, lui aussi, est très impliqué dans sa mission et nous aimons à nous retrouver aux mêmes dates pour assurer les réparations dans le cadre des ateliers chapeautés par l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes.

Je pourrais vous faire le récit de quelques-unes de nos réparations qui nous ont donné un peu de fil à retordre. Ce sont des défis à relever qui sont aussi très motivants, car nous voulons tout mettre en œuvre pour arranger, réparer, restaurer. Il ne faut renoncer qu’en dernier recours seulement, auquel cas il faudra fermer une chambre qui pose problème, ou faire l’achat d’une nouvelle pièce. Nous sommes là pour trouver des solutions.

Donald est un appui précieux et nous nous entendons à merveille. Même si la barrière de la langue nous empêche de communiquer avec facilité, nous nous comprenons toujours du fait d’une belle entente, d’une bonne complicité et en faisant passer les messages un peu techniques par quelques gestes universels. Ces derniers jours, nous avons dû intervenir au foyer Benoît Labre, pour une fuite au niveau d’un robinet d’arrêt encastré dans un mur. Pour résoudre la fuite, l’une des solutions aurait été de casser le mur et de démonter le robinet. Mais Donald a eu une autre idée : démonter la presse-étoupe et y introduire de la filasse. Il a ensuite remonté la presse-étoupe et la fuite était stoppée. Cela a permis de maintenir ouverte la chambre où se trouvait la fuite, et de la mettre à disposition d’un hospitalier.

Une autre fois, nous avons accueilli une pèlerine handicapée qui utilisait un fauteuil électrique. La roue arrière du fauteuil était crevée et quand nous l’avons démontée, nous avons constaté qu’il y avait une cinquantaine de trous. Nous n’avons pas pu remettre la chambre à air d’origine. Dans nos vieux stocks, nous n’avons rien trouvé si ce n’est une chambre à air plus petite. Il nous était impossible de la remonter sur la jante car elle était trop petite. Il a fallu trouver une astuce pour maintenir la chambre à air en place le temps que nous puissions la remonter. Donald a alors eu l’idée de maintenir la chambre à air dans le pneu en utilisant un fil de fer souple. Quand nous l’avons replacée sur la jante, nous avons coupé le fil de fer et la roue était comme neuve.

J’aime beaucoup venir à Lourdes, travailler dans l’ombre et savoir dans le même temps que je suis partie prenante d’une grande histoire : celle d’une fraternité universelle qui se vit au Sanctuaire. Tout est fait pour que chacun se sente attendu et que chacun à sa place puisse donner et partager : un sourire, une fraternité, un « oui » à la vie ! »

Propos recueillis par Béatrice Rouquet.

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