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« Soyons des prophètes de l’Espérance en donnant du temps à la rencontre »

Et si nous profitions des « temps incertains » pour creuser l’essentiel : le désir de la rencontre, la joie de la rencontre, la vocation à la rencontre ?

 

Parce que parler ou expliquer ne suffisent pas, et parce que le quotidien nous renvoie à des réalités concrètes, nous avons du mal à traverser la situation liée au Covid et les conséquences qui ne nous donnent pas encore de clarté absolue.

 

Comment oublier que LCE approche de ses 40 ans d’existence et que notre association est fruit du « miracle de Lourdes » qu’est la rencontre ?

 

Dès le début, nos pionniers se sont efforcés de faire entendre à l‘Eglise et au monde le cri des malades du cancer, non sans difficultés ! Il a fallu faire avec  des hauts et des bas  pour s’organiser et maintenir le cap, malgré les aléas des événements. Nous vivons une période tourmentée certes, mais LCE a vécu avant nous et vivra après nous parce qu’elle est protégée par Marie et a reçu la reconnaissance de l’Eglise comme association canonique de fidèles. Dès lors, nous n’avons pas vocation à être « des prophètes de malheur » mais  à être « des prophètes de l’Espérance » !

Et si nous profitions de ces temps encore incertains pour creuser l’essentiel : le désir de la rencontre, la joie de la rencontre, la vocation à la rencontre ? Le propre de « la rencontre » c’est notre capacité à accueillir l’inattendu. C’est aussi un cœur suffisamment ouvert pour « entrer en transformation ». C’est comprendre l’autre de l’intérieur, au travers d’événements bien réels, parfois douloureux ou difficiles mais souvent si beaux !

C’est la disponibilité de l’instant que l’on vit, pas les lamentations du regret ou la fuite en avant. Là se tient l’enjeu ; il se produira inévitablement quelque chose, tôt ou tard, de plus grand que nous ! On appelle cela la « fécondité divine » et cela n’a rien à voir avec « l’efficacité humaine ».

L’anthropologie biblique rappelle que fondamentalement l’homme a besoin de l’autre : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul »(Genèse). La « rencontre » entre les êtres tient au besoin, au désir, à la reconnaissance réciproque, à l’incomplétude de l’homme solitaire, à une réalisation fondamentale dont chacun a besoin.

Où est-elle notre foi au Christ qui veut habiter nos façons de vivre la rencontre ?  « Jésus, c’est Dieu qui vient à la rencontre de l’homme » dit le poète. Théologiquement on dit « Dieu fait homme ».

Regardons comment Jésus « Dieu fait homme » entrait en relation avec les personnes fragilisées :

Dans le récit de Marc 5, 30-32, Jésus se met en route vers la maison de Jaïre, dont la fille est malade. En chemin, la foule le presse de toute part. Désireuse d’être guérie, une femme hémorroïsse touche la frange de son manteau . Alors, « une puissance sort de lui » :  « Qui m’a touché ? », demande Jésus.

La « mise en route » est fondamentale et  a beaucoup de visages pour nous, mais nous sommes habités du même désir de rejoindre la personne malade, isolée et éprouvée. En ces temps de distanciation même relative, ce désir prend plusieurs formes, mais s’il est réel, il ouvre une porte pour le miracle  : « ta foi t’a sauvée » !  Non pas ton inquiétude, tes lamentations, tes fuites en avant mais ta foi réveillée et possiblement active !

Dans le récit de Marc 9, 20-23, on découvre un homme qui amène son fils malade, épileptique. Jésus interroge : « cela depuis combien de temps ? ». Jésus ne s’impose pas, ne sait pas tout, ne dit pas tout, il demande et sait attendre ! Comment allons-nous chez l’autre ? Tellement assurés que nous n’entendons plus rien ou l’inverse, prêts à accueillir ce qui n’est pas nous, l’inattendu qui rend tout possible ? .

Dans le récit de Matthieu 9, 27-30, ce sont deux aveugles sur la route de Galilée. « Croyez-vous que je puisse agir ? » « Oui » disent-ils. Alors Jésus touche et ouvre leurs yeux. Le miracle bien sûr mais d’abord la demande et la nécessité, encore, de laisser s’exprimer une attente, un besoin, un manque, une inquiétude, un mal. On dit « s’adapter » et non « s’imposer ». Tout l’enjeu, de prêt ou de loin, c’est d’écouter, de laisser dire et d’accueillir. Le reste, c’est l’oeuvre de Dieu et elle nous dépasse.

Dans le récit de Matthieu 9, 5-7, lorqu’il guérit le paralytique de Capharnaüm, Jésus perçoit un auditoire, une intention, un jugement et répond : « qu’est-ce qui est le plus facile, guérir le cœur ou le corps ? » Jésus invite à ne pas juger trop vite, d’où que viennent les réflexions. Il accepte la possibilité du rejet, du jugement, comme l’expression d’une légitime liberté. Du coup, tout change et un « après » devient possible ! Une rencontre, un besoin s’inscrit dans le temps, pas dans la facilité, toujours dans la liberté.

Dans le récit de Marc 10, 49-52, Jésus rencontre l’aveugle de naissance de Jéricho. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Une fois de plus, rien n’est imposé. Demandons-nous : qu’est-ce qui dépend de moi et qu’est-ce qui dépend de l’autre ? Le questionnement respectueux est toujours libérateur.

Dans le récit de Jean 5, 2-9, c’est au tour de l’infirme de la piscine de Bézatha d’être confontré à la Rencontre avec Jésus. « Veux-tu retrouver la santé ? », Veux-tu devenir sain, toi qui est perçu comme impur ? Jésus, là encore, veut l’aider à connaître son besoin, son désir, trouver les mots pour le dire et même donner du temps et des moyens pour l’exprimer. Quelle place à la patience, à l’œuvre du temps chez une personne éprouvée et dans nos relations aidantes ?

Dans le récit de Luc 24, 13-17-32, sur le chemin d’Emmaüs. Jésus rejoint deux disciples sur leur chemin de dérobade et de désespoir. On entend cela dans la rencontre du frère malade. Jésus va marcher au pas des autres même « s’ils tournent le dos à Jérusalem » c’est-à-dire « au bon chemin ». Jésus les rejoint tels qu’ils sont, dans leur vérité et leur désespoir, ce que l’on nomme abandon, tristesse, finitude, déception, souffrance…et il va les conduire à dire ce qui les tient ainsi : « de quoi parliez-vous en chemin ? ».  Il suscite une confiance et il n’est pas impudique dans sa présence. Il a rejoint le chemin d’une humanité, la respecte et attend la demande. Comme s’il fallait que se rencontrent deux désirs et deux manières de s’entraider ! Sans cela c’est bancal, non fécond. A l’inverse, on peut reprendre la route et espérer encore…

C’est à force de lire et de relire les récits évangéliques et spécialement les si nombreuses rencontres en attente d’aide et de soutien, qu’on avance dans sa manière de « rencontrer l’autre ». Ce qui a vocation a bousculer et à réveiller nos relations et notre désir de rencontre avec LCE a quelque chose à voir avec cela ! Comment cela peut-il s’éteindre ?   

Père Michel Pagès,

aumônier national LCE

4 Responses

  1. Bonjour, j’ai eu un cancer l’an dernier, mes parents aussi avaient eu un cancer. Par la prière, la famille, les amis j’ai reçu beaucoup de soutiens.

    Je travaille à la librairie familiale catholique depuis 2004 et votre pèlerinage annuel est magnifique, plein de sourires, de signes d’amitié, de clins Dieu. 2020 a été une année difficile pour tout le monde, j’attends avec impatience de revenir à la librairie car ça fait partie des priorités, les rencontres, la vente aussi bien sûr, mais pour moi c’est une mission. Je prie pour vous. Votre fondateur est venu très souvent dédicacer son livre Un pélerin à Jérusalem.

    Confiance. A DIEU TOUT EST POSSIBLE

    Cathy

  2. C’est un très beau texte sur le MIRACLE sans cesse renouvelé de Lourdes du retour à la source de l’Espérance, du dépouillement total pour retrouver notre humanité et notre communion avec nos frères. L’Hospitalité Diocésaine sera à Lourdes du 4 au 10 Septembre et sera porteuse de toutes vos prières.

  3. Cela m’aide de vous lire, c’est vrai que l’accueil de Lourdes Cancer Espérance est formidable. Malgré le covid j’ai été réconfortée par le responsable LCE, mon mari est décédé du cancer au mois d’avril 2020 et on avait pu aller à Lourdes au pèlerinage. On a été bien entourés.
    Un grand merci à LCE

  4. Nous venons de vivre un temps fort avec le rassemblement LCE 49 aux Gardes. Depuis le décès de Céline notre fille le 28 février 2020 nous vivions de confinements en confinements renfermés sur nous-mêmes . Là, nous avons rencontré des personnes que nous n’avions pas vues depuis si longtemps et puis la surprise : Agnès et Isabelle étaient là ! Quel déclic, quelle joie même si la cicatrice ne s’est pas refermée pour autant elle devient plus facile à supporter! Nous ne sommes pas les seuls à vivre ces moments pénibles de la séparation. Vivement que nous nous retrouvions tous à Lourdes.

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