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Les anciens combattants d’Indochine soutiennent Lourdes Cancer Espérance

Quel beau témoignage que celui des anciens combattants d’Indochine, réunis le 19 avril 2017 au siège de Lourdes Cancer Espérance ! Marie-Claude Aizpurua, présidente, le souligne volontiers après avoir découvert quelques bribes de leur histoire, et surtout leur prestance qui se dit dans le respect et l’attention aux autres : « C’est la belle France ! »

Jadis, Maurice, Jacky, Jean-Claude, Daniel et leurs camarades ont servi le pays. Aujourd’hui ils continuent d’apporter leur pierre à la construction d’un monde solidaire. Le rapprochement entre les deux associations figure comme l’une des belles surprises de la vie. Une vie qui, toujours, s’impose par la force d’un message : celui de l’espérance, de la victoire emportée sur toutes les épreuves, sur tous les combats, y compris les plus dévastateurs. En remettant un chèque de 3.875 euros à Lourdes Cancer Espérance, la démarche des anciens combattants s’inscrit dans le même souffle qui a habité la vie de Julien Bégué, disparu en novembre 2015 et dont la fille et petite-fille, Danielle et Cathy perpétuent aujourd’hui la mémoire.

Julien Bégué

« En 1995, il avait créé une association, baptisée le Corps Expéditionnaire français d’Extrême-Orient et des troupes d’opération extérieure. Parce que les Français ont déposé les armes à Diên Biên Phu, les anciens combattants ont souffert par la suite du manque de reconnaissance de la Nation. La guerre a été décriée, et pour ses hommes qui avaient donné leur jeunesse, qui avaient vu des camarades tomber sur les champs de bataille, cette situation a été difficile à accepter. En fondant cette association dans la cité mariale, Julien Bégué a rassemblé au départ une quarantaine d’adhérents. L’association a permis d’organiser des temps de retrouvailles entre camarades et de participer à des cérémonies officielles, comme le 8 juin, avec le dépôt de gerbe pour l’anniversaire du soldat mort pour la France en Indochine… Au fur et à mesure des années, certains de nos amis ont disparu. Au décès de Julien, il y a un an et demi, ils n’étaient plus qu’une vingtaine. Beaucoup sont aujourd’hui âgés ou malades… D’un accord général, il a été décidé de dissoudre l’association, et il nous tenait à cœur que les fonds à disposition soient reversés à une association humanitaire. Résidant à Lourdes, nous étions sensibilisés à la cause de Lourdes Cancer Espérance. Cela s’est fait en concertation avec Maurice et Anne-Marie Brun, qui ont accompagné la fondation de l’association, et avec l’aval de nos membres qui connaissaient bien la générosité de Julien. »

Il faut dire que, dans le cœur de tous, Julien Bégué a laissé une forte empreinte. Danielle, sa fille, le décrit en quelques mots : « Il était discret et généreux. C’était un homme droit et d’une grande fidélité envers ceux qu’il aimait. » Au fil de nos échanges, on apprend comment son mariage eut lieu par procuration. « Il se trouvait en Indochine. Il avait vingt ans, et était fou amoureux de Marie-Paule. Tous deux craignaient l’issue de la guerre… »

Si Danielle aime beaucoup le Sanctuaire Notre-Dame et rend volontiers service à tous ceux qui sont sur sa route, Cathy, pour sa part, apprécie le pèlerinage Lourdes Cancer Espérance, dont elle rencontre les participants sur son lieu de travail : l’hôtel Notre-Dame de la Sarte. Elle n’a pas oublié la gentillesse de Claudette Baillif, la déléguée de Charente-Maritime, qu’elle voyait à Lourdes et qui a été emportée par la maladie cette année.

Lors de la réception au siège de Lourdes Cancer Espérance


Lors de la réception donnée au siège de Lourdes Cancer Espérance, Marie-Claude Aizpurua et Ghislaine Métois ont accueilli quelques-uns de ces anciens combattants au cœur d’or, avec une pensée aussi pour ceux dont l’état de santé ne leur permettait pas d’être présents, et ceux qui sont aujourd’hui disparus. Installé à Beaucens, Jacki Samouillan n’a pas eu une vie facile, mais dans son cœur, il porte le souci des jeunes générations, en espérant qu’elles connaissent des temps meilleurs. « J’ai combattu en Indochine comme volontaire. Si c’était à refaire, je ne le referai pas. Je regrette que la Nation ne nous ait pas donné la reconnaissance qui nous était due, sans marquer de quelconques hommages. De retour dans la vie civile, j’ai eu une carrière de chef-ouvrier. J’ai d’ailleurs participé à la construction des piscines du Sanctuaire, comme carreleur. Ma famille a été durement touchée par l’épreuve. Ma femme souffre d’un cancer, et mon petit-fils a dû aussi surmonter la maladie l’année dernière. »

Pour sa part, Jean-Claude Chevalier, engagé à 18 ans, a aussi été sous le feu des combats, pendant 18 mois en Indochine. La vie l’a ensuite conduit sur d’autres fronts, comme en Algérie. En 1963, une mutation l’a conduit à Tarbes où il a passé son brevet de parachutistes. Il a ensuite travaillé au centre militaire de Cauterets pour entraîner les hommes à l’escalade et au ski. Pendant plusieurs années, il a participé à la randonnée cycliste de l’espoir, apportant par ce biais son soutien à l’association Lourdes Cancer Espérance. Au Sanctuaire, il a fait partie des équipes de l’hospitalité. Lui aussi a connu, dans son proche entourage, des personnes atteintes par le cancer, et il remercie Dieu pour leur guérison.

Parmi les anciens combattants, Daniel Dauchet raconte son parcours de foi, lui qui est passé par toutes les étapes : patronage, louveteau, scout… Aujourd’hui, il participe volontiers à des pèlerinages rassemblant ceux qui, comme lui, ont servi leur pays, les armes à la main. Engagé à 18 ans, il était orphelin de guerre et pupille de la Nation. Ses deux frères étaient déjà militaires. En sa qualité de radariste, il était formé pour faire fonctionner les radars. Après avoir été en Indochine pendant deux ans et demi, jusqu’en janvier 1954, il a servi au Maroc. Il a fini sa carrière aux Etats-Unis en tant que spécialiste radar des missiles Terre/Air. Originaire des Flandres, il s’est rapproché des Pyrénées par amour, lui qui en 1951 s’est marié avec Marcelle. Emportée par la maladie en 1981, elle demeure dans son cœur. Aussi la cause de Lourdes Cancer Espérance le touche profondément. « Je découvre aujourd’hui l’association, et je ferai tout ce qu’il m’est possible pour la faire connaître encore davantage. En apportant un soutien aux personnes touchées par la maladie, LCE mène une très belle œuvre. Il faut la faire grandir et la soutenir. »

 Béatrice Rouquet

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