Gérard Crozat est diacre permanent dans le diocèse de Tarbes et Lourdes. A l’approche de Noël, il nous invite à habiller nos cœurs, en nous représentant le Christ venu habiter sur terre, non pas comme un être glorieux, mais comme un pauvre, né dans une étable et qui, durant sa vie publique, n’avait nul endroit où reposer sa tête. Il a été souvent menacé parce qu’il dérangeait ceux qui ne voulaient pas le reconnaître comme Fils de Dieu. Dès les premières heures de son existence, ses parents ont dû fuir en Egypte à cause de la menace d’Hérode. Ensuite il a dérangé les croyances de l’époque, on comptait alors 613 commandements et lui en a donné un seul : Tu aimeras Dieu, Tu aimeras ton frère comme moi je t’ai aimé.
Gérard Crozat nous donne son regard sur Noël et sur les promesses qui en font l’écho : celle d’avoir trouvé un Rédempteur qui nous écoute et nous soutient.
Entretien :
Le Christ a toujours pris soin des plus pauvres. Ce chemin de vie était au cœur de la réflexion du Pape François et aujourd’hui de Léon XIV qui a rédigé une exhortation apostolique Dilexi Te. Vous citez le troisième paragraphe, qui nous montre un chemin de sanctification parce que « dans cet appel à le reconnaître dans les pauvres et les souffrants, se révèle le cœur même du Christ, ses sentiments et ses choix les plus profonds, auxquels tout saint essaie de se conformer ». Comment le transposer dans nos vies quotidiennes ?
A Noël, on habille son cœur, et le temps de l’Avent nous est donné pour nous préparer et pour annoncer, toujours et encore, la Bonne Nouvelle. A quoi cela sert d’aller à la messe si, en sortant de l’église, on ne fait pas attention aux autres et que l’on n’échange pas quelques mots avec les gens que l’on a l’habitude de rencontrer, comme le coiffeur qui prend plaisir à nous connaître un peu, tout en nous faisant plaisir par son talent. Quand nous prenons de mauvaises habitudes, il faut savoir les déjouer. Personnellement, il m’est arrivé d’offrir le café à ceux qui quêtent au seuil de l’église, ou encore d’inviter une personne sans abri à partager un petit moment ensemble au restaurant.
Avec vos élèves que vous avez conduit en Irlande, vous avez été frappé par un magnifique vitrail à la cathédrale de Galway…
Ce vitrail représente une scène ordinaire de la vie de la Sainte Famille. On y voit Marie qui tricote, Joseph qui rabote et Jésus enfant qui apporte un bol à son père pour le soutenir dans son labeur. Jésus a donné sa vie pour chacun d’entre nous. Qui que nous soyons, avec nos limites, nos défauts, on est aimé infiniment du Seigneur. Cet amour, il faut l’accueillir et le faire rayonner à ceux qui nous entourent. La joie du croyant doit être palpable toute l’année, et Noël qui est aussi la fête des familles nous montre que nous pouvons à tout instant ouvrir nos cœurs et accueillir chacun comme un hôte précieux. Il faut faire en sorte que chacun puisse trouver sa place : celui qui est fauché, celui qui a quitté son pays d’origine avec l’espoir de trouver une meilleure situation en Europe. J’admire le travail des personnes engagées dans des associations humanitaires, comme ATD quart monde, l’ACAT, le Secours catholique…Ils font un travail remarquable et se dévouent avec abnégation.
Vous citez volontiers la lettre de saint Jean…
« Bien-aimés, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère.» Noël, c’est le souffle de l’Esprit : la joie, l’espérance, l’amour. Cela devrait continuer toute l’année. C’est aussi une période où l’on s’échange les vœux. Que de bonheur à écrire et à recevoir des cartes ! Puissions-nous en vivre toute l’année.
Propos recueillis par Béatrice Rouquet.