
Avec Michel Duvet, au clavier, et Benoît Lebrun, à la flûte et au saxophone, Steeve Gernez animera le prochain pèlerinage LCE. Pour celui qui fut le dernier guitariste de Raymond Fau, cap est mis sur le sourire et le partage.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques semaines d’animer le pèlerinage de Lourdes Cancer Espérance ?
En septembre 2025, il s’agira de ma troisième participation au pèlerinage du sourire. Au sein de LCE, comme dans d’autres pèlerinages, on assiste à des miracles permanents, d’entraide, d’attention au plus petit. Un pèlerinage, c’est un peu comme une béquille pour continuer à avancer.
On se sent choyés, attendus, portés par les autres. La maladie nous fait passer dans une lessiveuse, et à Lourdes Cancer Espérance, certains confient qu’ils sont des cabossés de la vie. Le pèlerinage vient mettre des pansements sur les coups de la vie, par le partage, les temps de réparation, l’écoute, la prière… L’onction des malades permet à l’espérance de se renforcer ou de renaître ; on poursuit la route avec le sourire au coeur. Tout sacrement nous dépasse. Le sacrement de l’onction, c’est un face à face avec Dieu. C’est un moment qui va rester gravé dans la mémoire, peut-être au moment où les choses vont se compliquer.

Est-ce que la maladie peut entraîner un repli sur soi et peut-on perdre de vue que l’on est aimé de Dieu ?
Cette tendance peut exister en effet. On peut comparer cette attitude à ce qui se passe quand on visite une église, dans un face à face avec Dieu. On peut y entrer et être seul, le regard attiré par la lumière rouge du tabernacle qui nous indique la présence réelle du Christ. Quand on est en plein jour, on ne prête pas attention à la lumière des lampadaires demeurés allumés. Dieu, c’est cette petite lumière que l’on distigue dans l’obscurité, avec les yeux de la foi. Parfois, on a du mal à s’apercevoir de la présence de Dieu à ses côtés. Partout on peut trouver des lieux propices pour se ressourcer : pour certains, ce sera au milieu de leurs amis, d’autres iront dans un monastère ou dans un pèlerinage…Autour de nous , il est mille et une petites lumières : le sourire d’un enfant, l’amour d’un conjoint, le soutien d’un ami, la compétence d’un soignant… Parfois, on est emporté par le tourbillon de la vie, on ne prend pas le temps d’en profiter. Mais il est des moments où on va à ‘l’essence Ciel’. C’est un bon carburant. On s’appauvrit pour s’enrichir. On regarde uniquement ce qui compte, ce qui nous donne le sourire, ce qui annonce la vie et la bonne nouvelle.

Aller à l’essentiel, c’est faire preuve d’espérance…
Le quotidien de la vie peut nous faire oublier l’essentiel. On est rattrapé par les tracas, mais à côté de cela, le Seigneur nous attire toujours à Lui. « Je vous laisse un commandement nouveau : ‘Aimez-vous les uns les autres’» Nous sommes aussi invités à aimer les autres comme soi-même ; il faut faire attention à ne pas adopter des modes de vie qui vont être nocifs pour nous-mêmes.
Quand on est frappé par la maladie, on peut passer par différentes étapes : la détresse, la colère, la culpabilité. Il arrive que l’on se ‘désaime’. Il faut réapprendre à se laisser aimer, à prier aussi. Un pèlerinage comme celui de Lourdes Cancer Espérance nous conduit à l’écart. On prend du temps pour relire sa vie, et au final, on s’aperçoit que dans toutes les circonstances, on est aimés de Dieu.
Propos recueillis par Béatrice Rouquet