Quand il a fondé Lourdes Cancer Espérance, avec des amis hospitaliers et quelques Lourdais, Jean-Claude Bruel a mis sa confiance dans la Très Sainte Vierge Marie. Il sait que Dieu est Celui qui est Père et Créateur, et qu’à Lui seul nous devons la Vie et, encore, qu’il est un Dieu de miséricorde et d’amour. En 1985, Jean-Claude Bruel avait 46 ans, et avait survécu à un cancer du cervelet, non sans mettre, dans son coeur, une Espérance plus forte que tout : celle de conduire des personnes malades au pied du Rocher, là où la Bienheureuse Vierge Marie nous comble, avec son Fils, de ses bénédictions. LCE a 40 ans. Sans la foi et sans la ténacité des amis LCE, rien ne serait possible.
En 1985, Jean-Claude Bruel a fondé LCE. Originaire du Tarn, il a suivi les traces de son père pour s’engager très tôt dans l’hospitalité de Notre-Dame de Lourdes. Touché par le cancer, il s’en est sorti et a décidé de mettre sa foi au cœur de sa vie. Une aventure qu’il nous raconte pour les 40 ans de Lourdes Cancer Espérance. Entretien :
D’où est venue l’idée de créer LCE ?
C’est le bon Dieu qui a créé LCE, moi je l’ai fabriqué. J’ai eu l’idée de lancer cette aventure, suite à ma maladie. Alors que j’étais hospitalisé pour un cancer du cervelet, je me souviens d’avoir rencontré un aumônier qui m’entretenait de sujets attrayants, tels les récoltes ou le rugby, mais qui, jamais, n’a proposé de me confesser. Dans les chambres voisines, je voyais des malades isolés et qui, comme moi, étaient privés du secours de la religion. Peu à peu leurs forces faiblissaient et, un jour, ils disparaissaient. Grâce à Dieu, j’ai pu être extrait de cette configuration désastreuse.
Un jour, les analyses sont devenues meilleures et j’ai pu survivre. C’était inespéré, parce que j’aurais pu mourir sans me confesser ni changer de vie. Mon père était hospitalier de Notre-Dame de Lourdes et, avec lui, j’ai fait mon premier apprentissage à l’Hospitalité au début des année 50. Ceux qui la composaient étaient des gens avec une bonne volonté exemplaire, héroïque. Ils étaient soudés, confortés par une foi très vive. Au fil des ans, j’ai fait un constat. J’ai eu l’impression qu’il y avait moins de malades à Lourdes, et que les pèlerins étaient en grande partie des personnes âgées ou invalides. J’ai pensé qu’il fallait ramener des malades à Lourdes. La Très Sainte-Vierge avait demandé qu’ils viennent en pèlerinage. J’ai eu l’idée de mettre en œuvre le pèlerinage des cancéreux.
D’où vient ce titre Lourdes Cancer Espérance ?
Lourdes et l’Espérance mettent le cancer en échec. C’est de cette manière que le nom a été choisi. Après avoir eu l’idée de lancer un pèlerinage, j’ai évalué la faisabilité de ce projet. Je me trouvais devant une montagne. On m’a expliqué qu’il fallait plusieurs années pour mettre en place un tel rassemblement. A l’époque, le cancer était effrayant. Certaines personnes ne voulaient pas en entendre parler. Alors j’ai pensé à ce qu’avait fait Latécoère. Il est originaire de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées. Il est l’inventeur de l’aviation civile et de l’Aéropostale. Quand il a présenté son projet d’ouvrir des lignes aériennes pour sillonner le monde, des experts lui ont dit que c’était irréalisable. Alors il a répliqué : « Notre idée est irréalisable. Il ne nous reste qu’une chose à faire : la réaliser ! » C’est dans cet esprit que LCE a été conçu. Il fallait développer l’association de toute urgence car beaucoup de cancéreux mouraient sans le secours de la foi. Autour de moi, j’ai réuni une cinquantaine de personnes, essentiellement des hospitaliers. J’ai trouvé un local (NDLR : avec le concours de la Croix-Rouge de Lourdes), une somme d’argent et une première réunion s’est tenue le 8 décembre 1985. Nous nous sommes alors constitués en association.
Quelle a été la suite ?
Le 11 février 1986, nous avons décidé de relever le défi, et d’organiser un premier pèlerinage. C’était important de faire ce qu’il faut, quand il faut. En septembre, le pèlerinage a eu lieu mais je n’étais pas présent. Au fil des ans, le pèlerinage a fonctionné. Je remercie le bon Dieu et la Sainte Vierge d’avoir placé dans mon cœur ce qu’il fallait pour mettre en œuvre ce projet.
Aujourd’hui (NDLR : en 2005), l’association compte plus de 5600 adhérents. Comment l’expliquez-vous ?
D’abord je voudrais dire que ce chiffre est bien en deçà de mes espérances. Les malades connaissent un grand désarroi. Tant qu’il y a quelque part un malheureux atteint d’une pathologie, laissé au bord de la route, dépourvu du secours de l’amitié, de l’affectivité et de la foi, nous avons failli à notre mission. Le nombre des malades ne cesse de grandir, et leur désarroi est toujours très troublant. Quelques milliers d’adhérents constituent une base, mais il reste du travail à accomplir.
Que représente Lourdes pour vous ?
Lourdes, c’est le pays où j’ai vu mon père et ma grand-mère paternelle s’engager avec courage, passion et charité. La charité, ce n’est pas la pièce de monnaie que l’on donne, mais le cœur que l’on y met. Lourdes, c’est une immense charité de la Sainte Vierge Marie qui vient dans ce beau piémont pyrénéen pour stimuler notre foi, notre courage, pour nous inviter à nous imprégner d’espérance.
Quelle est votre définition de l’espérance ?
C’est l’abandon de soi-même. Une image : vous êtes passager d’un avion. Il fait nuit, les conditions météorologiques sont désastreuses. L’avion est instable, mais on sait qu’on a choisi une bonne compagnie aérienne. On va les yeux fermés et on est sûr qu’on va se poser à l’heure qui convient sur l’aérodrome. Il n’y a pas à raisonner, ni à discuter. L’espérance, c’est s’abandonner. On ne doute pas que Celui qui a fait le ciel, la terre et l’univers, qui a dessiné des montagnes aussi belles que les Pyrénées, puisse abandonner son peuple et ses enfants un seul quart d’heure.
Le mot de la fin ?
Le cancer le plus terrible, et pour lequel on ne développe aucun procédé thérapeutique, c’est le ‘cancer’ de la foi et le ‘cancer’ de l’affectivité. Et puis, je pense à tous ceux qui m’ont accompagné et qui sont morts du cancer, à ceux que je connais et qui sont sur la voie de la guérison, et j’ai envie de persévérer dans mes efforts. A tous, je recommande ce protocole qui n’est pas remboursé par la Sécurité sociale de louer, d’honorer le bon Dieu et de s’oublier soi-même. Dans ma mémoire, j’ai un certain nombre de visages, de personnes qui comptent, et que je revois chaque jour dans ma prière. Je demande au bon Dieu de bénir chacun, ainsi qu’aux destinées de LCE.
Propos recueillis par Béatrice Rouquet, en 2005.
Photos : Eric Bielle et Lacaze
7 Responses
Merci Mr Bruel pour la belle personne que vous êtes !
En 2010, alors que j’étais en soin et le moral un peu à plat , vous m’avez transmis votre confiance en Marie lors de la dédicace de votre livre .
En 2025, lors de la messe du samedi , je vous ais aperçu et par Marie je vous ais remercié pour vos encouragements qui m’ont permis de surmonter mes épreuves.
Je n’ai manqué aucun des rendez-vous annuels , y
compris en 2020 et 2021 , pour venir remercier Marie.
Oh, ce regard , je ne l’oublierai jamais !
Recevez toute mon amitié LCE , cher Mr Bruel .
merci pour ce beau message tout. ayant de bon souvenir..de. Lce
je vous demande de prier pour ma fille qui souffre d’un cancer depuis 3 ans…merci à tous
Merci pour le rappel de ce beau témoignage de Jean-Claude Bruel ! Que Dieu le bénisse !
merci pour cette belle œuvre
merci à la bonne Vierge Marie par les mains de la petite Brrnadette
Merci Bonne Vierge Marie de m’ avoir accueillie et d’ avoir retrouvé une paix interieure
MERCI Monsieur pour la persévérance avec laquelle vous avez oeuvré pour concrétiser votre idée, accompagné par votre foi.
Votre comparaison avec le père de l’aviation civile – réaliser ce qui paraît irréalisable – est très juste.
Encore MERCI et BRAVO.